Par où commencer ? Hormis quelques lieux emblématiques,
puisés à la source de mes expériences vécues ou fantasmatiques, je ne sais pas
où je vais. J’ignore jusqu’à la date à
laquelle ce nouveau périple s’achèvera. J’ai mis de l’ordre dans mes
affaires, procédé à une étude comparée et néanmoins fastidieuse (et
probablement illusoire) des différents modèles de tentes, de sac à dos et de
vêtements thermiques, écumé sur internet, deux mois durant, les forums sur
l’art de bien choisir ses chaussures de randonnée, décortiqué les bancs d’essai
des nouveautés des maisons Fujifilm, Sony et Olympus en matière de photographie
digitale… Me voici fin prêt pour affronter le froid et la chaleur, avaler les
kilomètres sur tous types de terrains, tirer le portrait de beaux inconnus, et
au final, me voici gare de Lyon à scruter le tableau des départs… Le train pour
Nîmes partira de la voie 13. A Nîmes, où une manifestation contre la réforme du
code du travail provoque la suppression du train de Mendes qui devait me
déposer à La Bastide-Saint-Laurent-les-Bains, me voilà aiguillé sur un convoi
de substitution, à destination de Clermont-Ferrand qui, fort heureusement,
passe également par La Bastide-Saint-Laurent-les-Bains. De fait, j’ai fait de
cette minuscule localité isolée aux confins départementaux de la Lozère et de
l’Ardèche mon point de départ, sachant que où que l’on aille, il y a
nécessairement un point de départ. Partir à point me paraît finalement
autrement plus satisfaisant et raisonnable que tous ces préparatifs qui
s’avèreront sans doute bien superfétatoires à l’épreuve du terrain.
La Bastide n’est pas précisément le commencement, mais ce
bourg de 200 habitants à l’année, desservi par la ligne de chemin de fer qui
relie Nîmes à Clermont-Ferrand, permet d’accéder aisément à l’abbaye Notre-Dame-des-Neiges,
une trappe installée dans ce cadre sauvage et verdoyant des Cévennes
ardéchoises depuis plus d’un siècle et demi. J’y suis venu pour la première fois il doit y
avoir une quinzaine d’années, et y suis revenus peut-être à dix reprises, sans
jamais me lasser des étendues boisées, des villages à moitiés abandonnés, des
âpres causses, des châtaigneraies, de ce pays dépeuplé rendu à une sorte de
solitude minérale. L’abbaye est citée par Stevenson dans le célèbre récit de sa
traversée des Cévennes, et il y fit étape. Mais son principal titre de gloire
est d’avoir abrité Charles de Foucauld. Et puisqu’il fallait bien partir de
quelque part, c’est la figure de Charles de Foucauld qui m’a guidé, à nouveau,
jusqu’ici.
Charles Eugène, Vicomte de Foucauld de Pontbriand,
appartenait à la noblesse d’épée. Saint-Cyrien à 18 ans, il entame une carrière
militaire quelque peu contrariée par son penchant pour la bamboche, la
fantaisie, les filles… C’est d’ailleurs pour d’être arrogé le droit, alors
qu’il est affecté à Alger, d’emmener avec lui une liaison amoureuse, qu’il est
traduit en justice devant un tribunal militaire et relevé de son affectation.
De retour en France, il apprend que son régiment est engagé dans l’étouffement
d’une insurrection en Tunisie. A sa demande insistante il est renvoyé en
Afrique du Nord, dans le Sud-Oranais. Cette nouvelle affectation assoit sa
fascination pour l’Afrique et après de brillants états de service, il
démissionne de la fonction militaire et entame une carrière d’explorateur qui
l’amènera à sillonner, en compagnie d’un rabbin avec lequel il s’est lié d’amitié,
Mardochée Abi Serour, le Maroc interdit, de juin 1883 à mai 1884. La valeur
scientifique de cette expédition lui vaut la médaille d’or de la Société de
Géographie, mais ce n’est pourtant pas vers à carrière d’explorateur que
Charles de Foucauld se consacrera. De retour à Paris, il reçoit l’illumination
avec le concours du vicaire de l’église Saint-Augustin, l’abbé Huvelin. Charles
de Foucauld va alors séjourner dans plusieurs trappes, dont, en 1890, celle de
Notre-Dame des Neiges, la plus haute
(1 000 mètres) et l’une des plus pauvres de France. Son objectif est
d’intégrer la trappe d’Akbès, en Syrie, dirigée par Dom Polycarpe, un ancien
abbé de Notre-Dame des Neiges. Après un séjour dans ce lieu isolé, il rejoint,
en 1897, Jaffa puis Nazareth, où il se fait le domestique des sœurs clarisses,
vivant dans un cabane, dans un extrême dénuement matériel ? L’idéal de
Charles de Foucauld est l’imitation de Jésus Christ. Il compte désormais s’en
rapprocher en gagnant le désert. Il rejoint Béni-Abbès, une palmeraie du
Sud-Marocain, y ouvre une maison destinée à l’accueil de tous, musulmans,
chrétiens, juifs ; pour les libérer de leur état de non-droit, il rachète
des esclaves aux tribus nomades. Il fait la connaissance d’Henri Laperrine,
commandant de la garnison locale, avec qui il gagne Tamanrasset, au cœur du
Sahara. C’est la rencontre avec les Touareg. Après avoir appris l’arabe et
l’hébreu pour les besoins de ses précédentes aventures, il se met au Tamahaq,
la langue des Touareg du Hoggar, et commence à traduire l’Evangile dans cette
langue. Charles de Foucauld noue une amitié profonde avec l’Amenokal Moussa Ag
Amastane, chef des tribus du Hoggar, dont il gagne la confiance. En 1911, il
séjourne cinq mois sur le plateau de l’Assekrem, dans un petit ermitage isolé
de tout. A partir de 1914, la première guerre mondiale a des répercussions dans
les colonies françaises d’Afrique. Charles de Foucauld est assassiné par des
razzieurs, plus comme représentant de la colonisation française que du
christianisme.
Le séjour de Charles de Foucauld à Notre-Dame des Neiges fut
bref (sept mois) mais il y laissa une empreinte indélébile. Tout comme,
probablement, en Algérie. Son idéal d’ouverture aux autres, son intérêt,
mélange d’admiration, de curiosité et d’érudition, pour des peuples
farouchement indépendants (et dont il savait qu’il n’avait aucune chance de
convertir à ses croyances religieuses), son attirance quasi mystique pour le
désert, sa bonté naturelle et désintéressée en font une figure particulièrement
attachante et exemplaire. C’était un esprit libre : la congrégation qu’il
chercha à créer, qui aurait été ouverte aux laïcs comme aux religieux désireux
de partager son idéal d’accueil et d’écoute d’hommes de toutes convictions se
heurta aux rigidités de vues de l’époque, et il mourut sans laisser de
successeur à ses projets.
Peut-être Charles de Foucauld eut il des prédécesseurs dans
semblable entreprise, et sans doute beaucoup
d’individus, sédentaires ou voyageurs, croyants ou non, se sont-ils inspirés de son approche de
l’autre. Débuter une aventure nomade à Notre-Dame des Neiges, où Charles de
Foucauld affutât sa voie propre au retour de ses explorations marocaines, c’est
un peu se placer sous le patronage d’un libre penseur, en ce sens qu’il sût
dépasser la peur de la différence et incarner une forme d’humanisme universel
affranchi des partis pris, des écoles et des préjugés. Peu mieux que lui surent
incarner cette belle devise : en liberté, je n’offense ni ne crains. Peu
importent le commencement, l’itinéraire, la route… L’esprit importe plus ;
voyager est une expérience de liberté à nulle autre pareille, qui invite à se débarrasser de la peur des autres
et des ailleurs, à sortir du petit confort intellectuel dans lequel on a nourri
sa vision du monde et des étrangers.
Peut-être alors n’est-ce pas un hasard si je fais la
rencontre, ce soir, à la maison d’accueil de l’abbaye, d’un couple d’Allemands,
Brigitte et Wolfgang, partis quelques jours plus tôt du Puy-en-Velay sur les
traces de Stevenson et de Modestine. Ils se débrouillent en Français (le
premier voyage de Wolfgang hors d’Allemagne fut, à l’obtention de son permis de
conduire, une exploration de la Bretagne en
Citroën deux chevaux, ce qui me le rend d’emblée sympathique) ; il
y a six ans, ils ont relié leur ville de Fribourg à Jérusalem, à pied, par
l’Autriche, la Hongrie, la Roumanie, la
Bulgarie, la Turquie, la Syrie et la Jordanie. Les Turcs leur ont fait forte
impression par leur incroyable sens de l’accueil ; les Roumains, aimables,
sont de piètres indicateurs de route : nulle part en Roumanie on imagine
marcher pour le plaisir, et il n’existe aucun sentier balisé, aucune carte
d’échelle inférieure au 1:600000 (1 cm pour 6 km), et si d’aventure vous
demandez votre chemin à un habitant, il vous indique implicitement le temps
pour y parvenir en voiture. Quant aux Syriens, on était à quelques lois de
l’éclatement de la guerre civile, l’ambiance était tendue, notre couple de
marcheurs était surveillé en permanence. Un conseil de Wolfgang pour les cas où
un chien errant se montre un peu trop agressif : faire mine de se baisser
pour ramasser un caillou au sol : dans bien des pays où le chien n’est pas
qu’un animal de compagnie mais plus souvent un vagabond, il a l’habitude d’être
la cible des jets de pierres et comprend tout de suite le danger qui peut
suivre le ramassage d’un projectile. La plupart du temps, il file sans demander
son reste.
Mes premiers kilomètres me mènent en terres connues pour les
avoir parcourues à de maintes reprises : c’est la montagne ardéchoise, ou
Haut-Vivarais, terre aux reliefs tourmentés, fragmentés, rocailleux et
solitaires. Saint-Laurent-les-Bains, minuscule village blottis au pied d’un
cirque montagneux d’où jaillissent des sources chaudes déjà exploitées du temps
des Romains, fut sauvé de l’abandon par la reprise, par la Chaine thermale du
soleil, d’une activité thermaliste. Plus loin, Borne, 40 âmes à peine, vit dans
un superbe isolement, face à une ancienne forteresse dont ne subsiste qu’une
tour carrée accrochée à un abrupte rocheux dans lequel elle semble de fondre.
Loubaresse, 30 habitants, est installée sur col ouvert à tout vent, à plus de
1 200 mètres d’altitude. J’ai souvenir d’un article publié par le Figaro
Magazine, dans les années 1980 peut-être, qui relatait l’épopée des habitants
de ce village qui étaient resté complètement coupés du monde pendant 15 jours
après de fortes chutes de neige. Le soir, j’atteins le plateau de Montselgue,
plus au sud, vaste étendue rocailleuse couverte de genêts où je ne croise, de
loin, que quelques vaches. J’avise un bouquet de conifères planté d’herbe et y
installe ma tente. Aussitôt en ai-je achevé le montage qu’une averse s’abat sur
la zone, venue du massif du Tarnargue réputé pour la violence de ses orages.
Avant même qu’il ne fasse nuit, vers 20h30, un violent orage de grêle prend la
suite de l’averse. Joyeux début… D’autant que la nuit durant, un vent puissant
rabote le plateau, qui rend le rangement de ma tente plutôt périlleux.
Ce jeudi 19 mars, jour 2 de mon expédition, je marche vers
le village de Thines, qui perché sur un éperon de grès domine les gorges de la
rivière du même nom : c’est un groupe d’une dizaine de maisons en pierre
blotties autour d’une vieille église romane du XIIe siècle. Thines s’est
inventé une vocation de village des poètes. Des poèmes affichés un peu partout
aux murs, aux fenêtres, dont celui-ci, admirable, de Francis Ponge, intitulé
« De l’eau »
Elle est blanche et
brillante, informe et fraiche, passive et obstinée dans son seul vice : la
pesanteur ; disposant de moyens exceptionnels pour satisfaire ce
vice : contournant, transperçant, érodant, filtrant.
A l’intérieur
d’elle-même ce vice aussi joue : elle s’effondre sans cesse, renonce à
chaque instant à toute forme, ne tend qu’à s’humilier, se couche à plat ventre
sur le sol, quasi cadavre, comme les moines de certains ordres.
Toujours plus
bas : telle semble être sa devise : le contraire d’excelsior.
Le 4 août 1943, alors qu’un groupe de résistants s’était
réfugié dans les parages avant d’être dénoncé, un détachement de soldats
allemands monta jusqu’à Thines. Ils fusillèrent trois innocents qui avaient
pour seul tort de ne pas révéler l’endroit où se cachaient les résistants,
lesquels furent rattrapés au hameau de Tastevin, tout près de Thines, et
exécutés. Un seul en réchappa sur les sept. Un monument en grès d’Ardèche entretient
la mémoire de cet épisode tragique, au point haut du village.
Je décide de passer le reste de ma journée ici, à Thines, au
gîte communal dont je serai le seul occupant cette nuit. Rares instants : la
venelle aux dalles inégales qui perce, rustique, entre les murs de schiste,
mille-feuille minéral qui accroche les rais de lumière parvenant
jusque-là ; les fenêtres minuscules avec des voiles un peu crasseux ;
le cimetière, balcon céleste qui scrute les gorges enserrées dans le corset de
versants abrupts couverts de garrigue et de châtaigneraies ; les
sépultures, très sobres, affichent des naissances qui remontent au XIXe siècle,
les noms des défuntes sont Victorine, Zoé, Pascaline… Et puis contre le
cimetière, il y a cette grande volée de marches un peu usées, à l’ombre d’un
grand marronnier, qui mènent au portail
sidérant de beauté avec son linteau où est représentée la Cène. A l’intérieur,
un espace simple, assez ample, avec des arcs en plein cintre qui alternent les
claveaux blonds et ocres, et le chœur avec sa grande voûte en cul-de- four.
Parmi les sept habitants que compte Thines tout au long de
l’année, il y a Marie, une Bretonne originaire de Saint-Renan, et Georgeline, surnommée Joe, qui a navigué d’Angers à Nantes
et encore d’autres régions de France avant de venir se fixer ici : elles
tiennent une auberge où sont servies des tartes à la châtaigne et des assiettes
de charcuteries ardéchoises. Au mur de la salle du haut, cantine rustique avec de grandes tables en bois et une vaste
cheminée, sont affichées pêle-mêle une bonne centaine de cartes postale de
grands voyageurs ou de simples randonneurs qui sont venus se restaurer ici. Il
y a celle de ce Breton qui a marché de la pointe Saint-Mathieu à Toulon, dans
le seul but d’aller rendre visite à sa famille ; ou encore cet Allemand
qui a parcouru l’intégralité du GR4, qui va de Royan à Grasses, en passant par
Thines : son autoportrait, pris devant le panneau « Grasse » à
l’entrée de la ville, figure au mur des visiteurs de l’auberge.
En allant Thines aux Vans, on s’extrait de la montagne
ardéchoise pour gagner la basse vallée du Chassezac, une rivière venue des
hauteurs de la Lozère. Au centre des Vans, trône une statue assez monumentale
de la gloire locale, un certaine Léopold Ollier, présenté comme le père de la
médecine orthopédique moderne. Mon itinéraire me mène rapidement vers des
paysages plus méditerranéens : le chêne vert s’impose, les rangs de vignes
occupent les fonds plats des vallées, la tuile-canal a remplacé la lauze. En
quelques heures de marche, j’ai l’impression d’avoir changé d’univers. Les
gorges de la basse vallée du Chassezac zigzaguent entre de hautes falaises
calcaires, dont le GR4 suit le rebord sur quelques centaines de mètre, rive
droite. L’érosion karstique a modelé des lapiaz, creusé des diaclases qui
donnent à ce paysage une note fantastique. La plupart des marcheurs que je
croise sont allemands ou anglais. Dès que je quitte la zone des gorges, plus
personne…
Au quatrième jour de marche, les ampoules que j’ai eu
l’imprudence de laisser se former sous mes pieds sans en anticiper le
développement me contraignent à faire halte dans la première ville où je
pourrai trouver une pharmacie : Vallon-Pont-d’Arc, qui a peut-être été une
bourgade assez tranquille avant que d’être littéralement envahie par des
marchands de paréos, de lunettes de soleil, de babioles artisanales de plus ou
moins bon goût, de restaurants plus ou moins recommandables, et une armée
d’officines touristiques dont le seul but est d’embarquer les visiteurs dans un
kayak afin de créer des embouteillages de kayaks sur l’Ardèche, qui baigne les
alentours. Je trouve refuge sur la place de l’église qui, bien qu’à quelques
pas de ce barnum un peu criard, jouit d’une solitude remarquable. Jusqu’à ce
qu’un quatuor de boulistes distingués investisse le lieu avec une bonne réserve
de bières. Extraits : « Ah… tu as une belle analyse de la
partie ! » ;
« Putaing ! J’y crois pas… j’ai le bras qui dévie vers la
droite ou quoi ? » ;
« Aaahhhhh… mais quelle chagatte tu as ! C’est à peine
croyable une telle chagatte ! »
Le parcours entre Vallon-pont-d’Arc et Pont-Saint-Esprit
traverse des plateaux calcaires assez monotones, couverts de formations basses
où le buis, très abondant, dégage ce parfum assez particulier qui me ramène
vers des souvenirs d’enfance et, je ne saurais dire pourquoi, l’image d’un lieu
à l’abandon. Curieuse et souvent inexplicable correspondance entre les odeurs
et les images qu’elles évoquent. Entre La Bastide de Virac, superbe village
dominé par un château fortifié, et Aiguèze, accrochée au-dessus de la basse
vallée de l’Ardèche, je ne croiserai, sur une vingtaine de kilomètres, pas âme
qui vive, à l ‘exception d’un jeune couple cheminant avec un cheval de bât et
un enfant en bas âge que l’homme porte dans son dos, sur un porte-bébé.
Quelques mots échangés et je reprends une marche un peu ennuyeuse le long de
chemins caillouteux.
Je décide de prendre du repos, le temps que mes ampoules,
qui me rendent la progression douloureuse, cicatrisent. Ayant perdu le fil du
GR4 à l’approche de Pont-Saint-Esprit, je me retrouve sur un axe départemental,
à cinq kilomètres de la ville, très fréquenté par les autos. Je me décide alors
à entreprendre une pratique qui sera une grande première pour moi, l’auto-stop.
Bien m’en prend, je n’attends pas trois minute qu’un couple de jeunes gens,
Yann et (… j’ai oublié le prénom de sa compagne), remontant de Barjac vers
Lyon, me dépose dans le centre-ville. La journée fut un peu morose, mon moral n’était
pas au beau-fixe ; la vie du marcheur au long cours va ainsi : des
hauts et des bas, pas nécessairement topographiques. Et il suffit souvent d’une
rencontre, d’un contact humain, parfois même très bref, pour redonner du baume
au cœur. C’est le cas avec ce très sympathique couple qui se reconnaîtra.
Je trouve assez rapidement l’hôtel du Commerce, situé en
plein centre-ville, où je vais prendre un peu de repos. Là encore, la chance me
sourit, les jeunes gérants, un Gardois et une Auvergnate, intéressés par mon
entreprise de voyage au long cours, m’accueillent chaleureusement et décident
de m’offrir un plateau-repas.
Moi qui aime et cherche la solitude, je ne peux nier pour
autant le plaisir que procure ce genre de rencontre, simple et spontanée, au terme
d’une marche harassante.
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