Pont Saint-Esprit, en ses ruelles les plus anciennes, qui s’étirent,
étroites et indécises, au-dessus de la rive droite du Rhône, exhale un parfum
de longue déchéance, quand on marche entre les murs décrépis des maisons, quand
on jette un œil dans l’obscure embrasure d’une porte ou d’une fenêtre dont le
vernis s’écaille depuis des décennies et où les araignées tissent leurs toiles.
L’humidité semble ronger ces lieux, comme si le Rhône, dont les eaux s’écoulent
encore dans une relative liberté juste en dessous de ce quartier, l’inondait
périodiquement. Les cloches de l’église Saint-Saturnin, sises dans une tour
massive, égrènent les notes d’un glas. On y célèbre les funérailles, peut-être d’un
Spiripontain (à rajouter à la liste des gentilés ardus), autour d’une petite
assemblée dont la moyenne d’âge doit avoisiner les 70 ans.
Je quitte la ville par le vieux pont de pierre, dit
médiéval, qui, dans l’élan qu’il prend pour enjamber le Rhône, s’élance bien
au-delà de la rive opposée, au-dessus de terrains inondables envahis de hautes
herbes et d’arbustes, pour s’achever en un lieu-dit judicieusement baptisé « Le
bout du pont ». Mes premiers pas dans le département du Vaucluse me font
passer par-dessous la ligne du TGV, et, un peu plus loin, par-dessus le canal
de Donzère à Mondragon dont les eaux servent entre autres à refroidir la
centrale nucléaire de Pierrelatte ; puis par-dessus l’autoroute A7 :
la vallée du Rhône m’apparaît comme une sorte de gaine géante par laquelle on
fait passer tous les flux de masse vers la France méditerranéenne. Juste après
le rugissement des TGV et celui des camions et des automobiles, j’atteins la
localité de Mondragon, qui, comme plongée dans la torpeur des premières
chaleurs de ce milieu de printemps, semble vivre dans l’ignorance la plus
totale des flux ininterrompus qui la frôlent. Cette impression se renforce aussitôt
que je laisse derrière moi les dernières maisons de Mondragon, pénétrant dans
une campagne silencieuse et quasi déserte. La vallée du Rhône, pour vitale qu’elle
soit dans les échanges économiques du pays, pour impressionnante d’ampleur que
soit l’activité qui s’y écoule, ne m’apparaît au final que comme un corridor filant
entre les solitudes ardéchoise et vauclusienne, qui semblent indifférentes à cette
agitation, hors de portée de cette frénésie motorisée pourtant toute proche. Ne
parle-t-on pas de couloir ou de sillon rhodanien ? Belle image qui exprime
assez bien cet aspect traversant du fleuve entre des espaces qui lui semblent
étrangers.
Je m’enfonce dans les campagnes vauclusiennes par de petites
routes serpentant à travers des collines couvertes de conifères ; bientôt
la vigne fait son apparition, en petites parcelles installées sur des sols
caillouteux d’un bel ocre. Les Cévennes ardéchoises, que j’ai quittées il n’y a
même pas une semaine, me semblent déjà loin. A leur austère sauvagerie, s’oppose
dans les paysages qui se déroulent sous mes yeux, une note plus agreste, moins
brutale, presque bucolique. Là (en Ardèche) où les surfaces mises en culture ne
constituaient que des touches discrètes, l’action paysanne multi-centenaire se
fait ici plus nette, plus présente, et je traverse un pays plus lissé, mieux
ordonné, moins intimidant… A l’entrée d’une propriété isolée, clouée au tronc d’un
chêne, ce panneau indicateur : «Australia 16 776 kms – It’s a bloody
long way ». Une brève incursion dans la Drôme, au sud de Rochegude… et
retour dans le Vaucluse, au village de Lagarde-Paréol, couronné d’un ancien
oppidum d’où l’on embrasse la plaine du Comtat Venaissin et ses immenses
étendues de cultures maraîchères qui se perdent dans les brumes de chaleur.
Deux cyclistes en collants rembourrés aux parties charnues sont là, avachis l’un
sur l’autre en plein soleil (à quelques mètres d’un vénérable platane), ne
répondant à mon salut que par une mine hébétée frôlant le mépris. Je pars un
peu plus loin observer ma douleur des prochains jours, le mont Ventoux et ses 1 912
mètres d’altitude.
Mon itinéraire me fait traverser une plaine viticole d’aspect
prospère ménagée par le cours de l’Aigues, un affluent du Rhône venu des Baronnies,
et qui se paie le luxe de changer d’orthographe au fil de sa course : à
Nyons, on écrit l’Eygues, mais plus bas ses eaux baignent la petite ville de Camaret-sur-Aigues.
Le vignoble occupe toute la plaine. La joliment nommée Sainte-Cécile-les-Vignes
trahit, par la présence d’équipements sportifs peut-être disproportionnés au
regard de la modestie de cette localité, les revenus juteux de la vigne. Un peu
à l’écart du bourg, je pénètre sur le domaine de la Présidente dont le GR4
emprunte les chemins d’exploitation. Un ouvrier agricole perché sur un tracteur
antédiluvien coupe le moteur de son engin en me voyant arpenter le vignoble.
Alors que j’arrive à sa hauteur, il prend appui des deux coudes sur son volant
et entreprend un interrogatoire. Il s’appelle Bric ; né dans un village
des environs de Fès, il a quitté le Maroc il y a bientôt cinquante ans. Il a d’abord
travaillé dans diverses exploitations ardéchoises, du côté de Faugère, puis est
venu offrir ses services sur des terres mieux réputées, et c’est ainsi qu’il s’est
établi, il y a 37 ans, à Sainte-Cécile-les-Vignes. Depuis lors, il travaille
pour le domaine de la Présidente, mais devra prendre sa retraite d’ici un an.
Cela le soucie beaucoup ; non pas d’abandonner le travail de ces vigne,
mais leur propriétaire, une vieille veuve, solitaire et à moitié impotente, qui
s’accroche à ses hectares de vignes comme la seule raison qui lui reste de
vivre. Bric lui sert à la fois d’ouvrier agricole et d’homme à tout faire ;
il ne sait pas comment lui annoncer qu’il va devoir prendre congé d’elle. Il ne
comprend pas ce qui la retient ici, pourquoi elle persiste à porter ce domaine alors
qu’elle aurait pu depuis longtemps, profiter des beautés du monde en le
parcourant comme je le fais à manière. Ces étendues de terres ont fait sa fortune
depuis belle lurette, et si elle les vendait à ce jour, elle en tirerait 60 000
à 80 000 Euros par hectares. Elle
en possède 160. Dans un an donc, Bric tirera sa révérence, regagnera son
village natal où il vivra comme un nabab, riche de sa pension de retraite.
Après des mots d’adieu et d’encouragement qui durent aussi longtemps que le
récit qu’il m’a fait de sa vie, Bric me laisse poursuivre vers Cairanne, qui,
comme tous les villages de la région, occupe un site défensif, sur un éperon
rocheux.
Je déambule dans le vieux village, appréciant, de l’esplanade
qui devance la petite église, la mosaïque des vignobles dans a lumière
baissante du début de soirée. Il est temps de trouver un site pour bivouaquer.
J’avise sur la carte une zone boisée, à l’écart des habitations et des routes,
que traverse le GR4.
* * *
Le lendemain, réveil un peu difficile, le ventre creux, dans
la froidure matinale. Se déplacer avec une tente, un matelas, un duvet même
basique, quelques vêtements chauds, garantit une autonomie et une liberté de
déplacements et de choix d’étape que je bénis chaque fois que je m’adonne au
camping sauvage. Investir pour la nuit un site absolument désert, dépourvu de
toute commodité autre que celle, irremplaçable, de sa beauté et de sa sérénité,
demeure à chaque fois une expérience grisante. Mais émerger, à l’éveil de la
nature (c’est-à-dire avec le lever du soleil), pour peu que le froid nocturne n’ait
pas éveillé le campeur en pleine nuit, dans ce confort tout relatif, devoir se
défaire dans la froidure matinale de ses vêtements de bivouac, enfiler sa tenue
de marche, remballer le bazar qu’on a mis sous la tente, démonter la tente, la
plier même mouillée, refaire son sac à peu près correctement… Voilà une corvée
d’à peu près une heure…. Que les premiers pas d’une nouvelle journée de marche
suffisent souvent à faire oublier.
A Rasteau, je trouve, à la boulangerie du village, des croissants aux fruits rouges ; à Roaix, quelques kilomètres plus loin, une école Montessori… A chaque village sa petite originalité… Je pensais passer par Vaison-la-Romaine, toute proche de là, mais l’itinéraire du GR4, que je tiens à suivre pour m’éviter de consulter ma carte toutes les dix minutes (d’autant qu’elle n’est qu’au 1:100 000, ce qui ne me permettrait d’emprunter que le réseau carrossable), l’évite pour rejoindre Malaucène par la montagne. Jusqu’au soir, je ne traverserai qu’un seul village Séguret, avant l’arrivée sur Malaucène. Les paysages sont grandioses, de plus en plus tourmentés et secs. Je ne croise pas âme qui vive. Je jouis de cette solitude des sous-bois, des chemins de crête qui offrent des vues de plus en plus rapprochées du Ventoux et, dans le lointain, des Alpes du sud. Parfois, l’absence prolongée du balisage blanc et rouge propre aux sentiers de grande randonnée me fait douter d’être sur le bon chemin, et une légère angoisse s’empare de moi à l’idée de m’être engagé dans une mauvaise direction. Angoisse irraisonnée en vérité : l’isolement des lieux est tout relatif ; la ville la plus proche est à moins de dx kilomètres. Je repense aux marcheurs qui s’engagent dans des contrées réellement éloignées de tout, tel Emeric Fisset, le fondateur des éditions Transboréal, qui, dans les années 1990, a traversé l’Alaska, à deux reprises, à pied, en traîneau, en kayak, seul, manquant plusieurs fois d’y laisser sa vie.
A Rasteau, je trouve, à la boulangerie du village, des croissants aux fruits rouges ; à Roaix, quelques kilomètres plus loin, une école Montessori… A chaque village sa petite originalité… Je pensais passer par Vaison-la-Romaine, toute proche de là, mais l’itinéraire du GR4, que je tiens à suivre pour m’éviter de consulter ma carte toutes les dix minutes (d’autant qu’elle n’est qu’au 1:100 000, ce qui ne me permettrait d’emprunter que le réseau carrossable), l’évite pour rejoindre Malaucène par la montagne. Jusqu’au soir, je ne traverserai qu’un seul village Séguret, avant l’arrivée sur Malaucène. Les paysages sont grandioses, de plus en plus tourmentés et secs. Je ne croise pas âme qui vive. Je jouis de cette solitude des sous-bois, des chemins de crête qui offrent des vues de plus en plus rapprochées du Ventoux et, dans le lointain, des Alpes du sud. Parfois, l’absence prolongée du balisage blanc et rouge propre aux sentiers de grande randonnée me fait douter d’être sur le bon chemin, et une légère angoisse s’empare de moi à l’idée de m’être engagé dans une mauvaise direction. Angoisse irraisonnée en vérité : l’isolement des lieux est tout relatif ; la ville la plus proche est à moins de dx kilomètres. Je repense aux marcheurs qui s’engagent dans des contrées réellement éloignées de tout, tel Emeric Fisset, le fondateur des éditions Transboréal, qui, dans les années 1990, a traversé l’Alaska, à deux reprises, à pied, en traîneau, en kayak, seul, manquant plusieurs fois d’y laisser sa vie.
Malaucène accueille des cyclistes de l’Europe entière, d’Amérique
et d’ailleurs, qui viennent affronter le Ventoux. Trois routes mènent au sommet
de cette montagne légendaire qui, à cause de son isolement orographique, qui la
fait paraître gigantesque et la rend visible de très loin, a hérité du surnom
de « Géant de Provence » : l’une des routes part de Malaucène et
emprunte le versant nord ; deux routes empruntent le versant sud, partant
l’une de Sault et l’autre de Bédoin. En dehors des périodes où les versants
sont enneigés, pas un jour sans sa cohortes de cyclistes : quelques
centaines à plusieurs milliers quotidiennement les années les plus fréquentées,
c’est-à-dire les années suivant celles où le Tour de France passe par le sommet
du Ventoux. En dehors des Français, Les Belges et les Hollandais sont les plus
assidus. Près du sommet, une stèle commémorative rend hommage aux milliers d’amateurs
qui se sont épuisés sur les interminables pentes de la montagne : elle est
rédigée en français et en flamand. Pour ma part, fort peu friand de pédalage et
de torture de l’entre-fesses, je préfère mille fois la pratique des sentiers, infiniment
moins fréquentés (je ne croiserai qu’un seul randonneur lors de ma montée). Je
pensais atteindre le sommet, au départ de la source de Groseau (un peu au-dessus
de Malaucène) en une journée, mais il me faudra bivouaquer sur le replat dit du
Contrat, à environ 1 500 mètres, pas encore assez endurci et sans doute
handicapé par la lourdeur fautive de mon sac. Tout le massif du Ventoux est
converti en réserve biologique totale (ce qui n’a pas empêché, cependant, l’installation
d’une petite station au Mont Serein, sur les pentes méridionales). Il est
intéressant de noter que le déboisement de la montagne, qui avait débuté dès l’époque
romaine, était devenu un problème majeur au XVIe siècle. Il avait entraîné de
nombreuses catastrophes, et notamment de grandes inondations en 1856, le couvert
végétal, entièrement détruit, ne remplissant plus son rôle de rétention des
eaux de ruissellement. Une loi forestière dut être votée en 1860, qui marquait
le début d’une période de reboisement. Ces élément et les dates auxquelles ils
remontent ne devraient pas manquer de laisser rêveur à chaque nouvelle
catastrophe de ce type, et qui donnent lieu aux mêmes récriminations envers des
politiques d’aménagement irraisonnées. Les décideurs ont la mémoire courte.
Toute la partie sommitale du Ventoux n’est que pierriers
calcaire, blancs et arides, balayé par un vent quasi continu qui monte de la Méditerranée,
descend des Alpes, accourt de l’ouest. Une immense antenne de télécommunication
a été implantée au sommet. Il est 10h30 du matin lorsque j’atteins le sommet
par les anciennes drailles de transhumance du versant sud aujourd’hui utilisées
par les randonneurs. Déjà les cyclistes arrivent, à bout de souffle, effondrés
sur leurs machines, d’autres entamant, en position aérodynamique comme on voit
à la télé, une descente à grands frissons. Déjà aussi des autocars viennent
déverser leurs flots d’anciens, de classes vertes ou de visiteurs venus d’Asie,
dont certains déjà sont comme aimantés par les présentoirs de cartes postales,
de porte-clés et d’autres accessoires inutiles. Vite lassé de cette foire au
sommet mais ayant pris le temps de me restaurer au snack qui pourrait bien être
l’un des plus rentables de France, je reprends ma route qui doit me mener vers
Sault, 15 km et 1 200 mètres plus bas.
Je croise quelques groupes de marcheurs barbouillés de crème
solaire, arc-boutés sur leurs bâtons de marche, un peu à la peine dans les
derniers hectomètres qui les séparent de la délivrance. Le chemin suit une
ligne de crête en pente douce, se faufilant entre des formations clairsemées de
conifères où domine le pin à crochets qui s’accommode assez bien des conditions
ingrates qui s’imposent ici. Un peu plus bas, je tombe sur un couple de
marcheurs allemands visiblement en pleine querelle au sujet, je présume, de
l’itinéraire à suivre : devant une carte dépliée, l’homme semble vouloir
convaincre son épouse du bien-fondé de sa vision des choses, marquant à grands
coups de revers de main divers points de la carte tout en s’époumonant en des
paroles que je ne comprends pas et auxquelles l’épouse répond par une mine
déconfite, signe à mon sens du peu de confiance qu’elle accorde aux
explications courroucées de son cher et tendre. Je les retrouverai une heure
plus tard, à la faveur d’une petite sieste que je m’accorde sur le bord du
chemin, l’homme pointant fièrement de son bâton de marche une marque blanche et
rouge (balise des itinéraires de grande randonnée) sur un tronc d’arbre, comme
preuve éclatante que son avis était le bon. Aucune autre rencontre, si je peux
nommer ainsi la furtive entrevue avec couple que deux sens de l’orientation
opposés a failli désunir, ne viendra troubler ma progression vers Sault. C’est
au sortir du bourg minuscule de Verdolier que m’apparaît cette petite ville,
accrochée, à l’image de toutes celles de la région, à un éperon rocheux
au-dessus de la vallée de la Croc. La vigne, en dehors de quelques arpents
résiduels, a complètement disparue depuis le passage du Ventoux, remplacée par
les alignements non moins ordonnés de lavande.
J’atteins Sault sous un soleil de plomb, d’un pas lourd et
endolori par des ampoules persistantes sous la plante des pieds. Sault,
peut-être assez courue par les touristes, dispose d’un choix d’hôtels suffisant
pour que j’y trouve confort à mon pied et dans mes moyens. Les gérants de
l’hôtel Signoret ont affiché au mur de leur réception une grande carte du monde
sur laquelle chaque visiteur étranger plante une punaise de couleur à l’endroit
de sa ville de résidence : on vient voir Sault et son pays, qui n’est
autre qu’une portion du plateau du Vaucluse, depuis la Turquie, le Kazakhstan,
la Mongolie, les îles Féroé, le Sénégal, et même d’îles japonaise perdues très
au large de l’archipel nippon. Devant prendre mes problèmes d’ampoules très au
sérieux avant que cela ne m’immobilise pour de bon, je décide de séjourner deux
jours entiers à Sault. Le blocage des dépôts de carburant à travers la France
ayant tari nombre de stations service, les visiteurs d’ordinaire nombreux le
week-end se font plutôt rares, et cela constitue le sujet de conversation
principal des commerçants dont je saisis quelques bribes des débats
animés. Une brocante jouxtant l’hôtel
propose des livres d’occasion ; j’y déniche un exemplaire très usagé de
« Colline », de Jean Giono, que j’acquiers pour un malheureux euro.
J’ai vu en consultant mes cartes que mon itinéraire allait me faire passer par
Manosque, et le nom de Giono a aussitôt surgit dans mon esprit, comme une
mélodie radieuse. « Colline » se lit en deux heures, mais résonne pour
toujours dans la tête du lecteur, par la magie du style incomparable de Giono,
cette écriture charnelle, parfaitement rythmée, et d’une extraordinaire
puissance d’évocation des paysages, des caractères, de la lumière et des
odeurs…
Ce samedi, il fait un temps radieux, Sault se dore au soleil
tiède sous un ciel sans nuages, baigne dans un léger courant d’air frais... Je
déambule à travers les ruelles (ou « Calades ») tortueuses, contemple
les joueurs de pétanque toujours aussi bavards pour ne dire au final, que peu
de choses, pousse jusqu’au cimetière en bordure duquel croissent d’immenses
cèdres, et aussi jusqu’à l’école communale dont je détaille le tableau
d’affichage : j’apprends ainsi que les TAP (« temps d’activités
périscolaires », en novlangue de l’Education nationale) proposent aux
jeunes élèves de Sault des activités telles que jeux de boules, l’apprentissage
de l’art subtil de l’origami, confection
de pompons en laine et d’objets en pâte à sel. Ainsi l’Education nationale
a-t-elle accouché dans la douleur et les polémiques que l’on sait d’une réforme
historique des rythmes scolaire pour apprendre aux enfants de la République à
jouer à la pétanque et confectionner des pompons en laine…
Le jour suivant Sault est noyée dans une purée de pois, le ciel s’égoutte sur la ville, quelques rares promeneurs errent dans les rues calmes. Je passe une partie de mon après-midi dans un café plutôt sympathique du centre, dont l’accorte serveuse parle avec un accent qui pallie largement la détérioration de la météo, à m’échiner sur des mots croisés.
Le jour suivant Sault est noyée dans une purée de pois, le ciel s’égoutte sur la ville, quelques rares promeneurs errent dans les rues calmes. Je passe une partie de mon après-midi dans un café plutôt sympathique du centre, dont l’accorte serveuse parle avec un accent qui pallie largement la détérioration de la météo, à m’échiner sur des mots croisés.
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